• Dans la gueule du Loup

    Base des Loups Noirs, un groupe de malfaiteurs à Tekna. Fin de soirée. 2068.

    -

    Un homme d'une trentaine d'années, imposant et couturé de cicatrices, tournait en rond autour de la table dans la salle qui servait de lieu de réunion aux Loups Noirs. Accoudé contre le mur en buvant un verre, un homme blond plus jeune le regardait faire, amusé:

    "Hé bien? Ça n'a pas l'air d'aller fort, Roger... Qu'est ce qui t'agaces autant?"

    L'homme concerné s'arrêta un instant, soulevant un regard à la fois frustré et désespéré vers celui qui lui avait parlé, puis fronça les sourcils:

    "'C'est le gars qu'on a ramené ici, ce midi! J'ai accepté l'ordre de faire parler ce gus, Mark, mais là je n'en peux plus!"

    Roger reprit ses cercles, le sujet de la discussion lui étant apparemment plus que contrariant. Son supérieur vint poser son verre fini sur la table au centre de la salle; puis le stoppa en lui empoignant l'épaule:

    "Allons bon! Il est si terrible que ça?

    -Terrible?, Roger se tint la tête, Un cauchemar, oui! Une vraie carne, merci bien!"

    Mark paraissait ravi par la description, esquissant un sourire plus grand à chaque adjectif méprisant. Il s'écarta de Roger, en se tenant le menton:

    "Et quand tu l'as amené en bas? La cave l'a pas un peu... Calmé? Refroidi?

    -Ho que non... Vas y qu'il s'est foutu de moi en me disant qu'il trouvait la décoration très mignonne malgré sa simplicité, et qu'il m'a demandé si je pouvais le conseiller sur l'agencement de sa propre base! Du coup, je lui ai bandé les yeux pour qu'il se taise, et arrête ses conneries!"

    Mark se retourna, mine très sérieuse:

    "Et il s'est tu?

    -Non, il a continué!, Roger craqua ses doigts, Alors je l'ai frappé, histoire de lui montrer qui était le maître de la situation... Mais j'ai du me stopper, quand ça commençait à me faire mal aux poings.

    -Il a enfin accepté de coopérer?

    -Il m'a surtout demandé pourquoi j'avais arrêté 'si vite', oui!"

     Toujours pensif, l'homme blond parut lui satisfait:

    "Je vois... Un petit joueur...

    -Petit joueur? J'ai voulu lui faire peur, en sortant un flingue..., Roger écarquilla les yeux, Quand j'ai fais semblant de le recharger, il s'est excité tout seul, et m'a demandé si on allait faire une roulette russe, car il adorait ça!

    -Et il bluff très bien! On est pas tombé sur n'importe qui, dites moi!”

     Mark fit signe à son homme de main de le suivre, et les deux s'engagèrent dans un couloir encore moins éclairée que leur petite salle où ils se trouvaient, auparavant. Si Mark avançait d'un pas assuré, son camarade, pourtant plus massif, était plus réservé:

    "Tu sais, je pense pas qu'il bluff, ton gars... Il est sincèrement timbré!

    -Hm-m, L'homme blond plissa les yeux, Crois moi, j'en ai déjà maté des comme ça, Roger, il mima un revolver posé contre sa tempe, Quand ils l'ont là, ils rigolent moins, d'un coup!"

    Roger n'osa pas contredire les paroles affirmées de son supérieur, mais ne semblait pas pour autant convaincu par ses discours. Arrivé à la fin du couloir, une porte en bloquait l'issue. Hâtivement, l'homme sortit un trousseau de clé depuis sa poche, et en ouvrit l'accès, qui donnait sur des petits escaliers en pierre. Il fixa Mark, hésitant, mais son supérieur l'encouragea à y entrer.

    La cave était froide, humide, et presque dans l'obscurité, si ce n'était pour la vieille ampoule qui l'éclairait avec peine. Sur les côtés, on distinguait des cartons entassés, une commode ancienne, mais aussi à l'opposé une baignoire sur pied sale, remplie d'une eau semblant croupir. Mais ce qui intéressait maintenant Mark, ce n'était pas la pièce. Plutôt ce qu'il y avait... Au centre. Celui qui était assis, ligoté les bras derrière sa chaise, torse nu et ses cheveux roux en pagaille dans son visage.

    "Ha, quand on parle du loup..., l'homme blond tordit un sourire, Creepy."

    L'homme prisonnier, plus jeune que Mark, ne réagit néanmoins pas à la voix. Son visage (ou plutôt crâne) reposait simplement, menton contre sa poitrine tatouée d'étranges motifs noirs. Pensant d'abord qu'il feignait, Mark s'approcha du jeune homme roux, soudain concerné. Il lui releva la tête... Qui retomba mollement sur sa position initiale. Le sang du Loup Noir se glaça, même s'il garda son calme:

    "Il... Est...?

    -Juste évanoui, Mark."

    Il se tourna vers Roger: l'homme aux cicatrices le regardait d'un air las.

    "Je venais de le faire passer par la baignoire, avant de revenir te voir. Mais comme je te l'ai dis: c'est un cinglé! Il s'est amusé de lui même à retenir sa respiration, et il en est tombé dans les pommes! Je l'ai sorti juste à temps, un peu plus et il se noyait, cet abruti!"

    Mark se détendit, esquissant de nouveau un rictus amusé, en passant ses doigts dans la chevelure flamme (et effectivement encore mouillée) de Creepy. Il remarqua même que le prisonnier respirait, ses flancs se soulevant irrégulièrement. En l'inspectant, il put remarquer que son homme de main avait dit vrai: il l'avait bien amoché. Des marques de coups rougissaient sa peau pâle, et certaines blessures saignait d'un liquide brun sombre, supurant autour d'un pus visqueux et noirâtre. Mark les trouvaient particulièrement peu ragoûtante, mais n'en fut pas choqué. Après tout, est ce que le Boss ne l'avait pas prévenu qu'il aurait affaire à un de ces... 'enfants-monstres' en attrapant Creepy? En y repensant, Mark se tourna vers son camarade:

    "... Bien, bien. Tu peux disposer sinon, Roger. Le Boss a dit que c'était à moi de m'en occuper, s'il tentait de résister."

    Roger en réponse ouvrit de gros yeux, dévisageant de manière inquiète son supérieur blond:

    "T'es sûr, Mark? Ce con est un jeunot, mais il pourrait être dangereux, hein...

    -Tant mieux! Ce sera d'autant plus amusant de le remettre à sa place, fit-il en passant sa main sur le crâne, N'est ce pas?"

    Son homme de main eut tout de même un moment d'hésitation, comme se demandant si Mark n'aimait pas un peu trop jouer avec le feu; mais finalement, il se contenta d'exécuter l'ordre, le laissant en tête-à-tête avec le prisonnier. Par précaution, il lui glissa tout de même son arme de poing entre les mains; puis remonta le petit escalier de pierre qui redonnait accès au couloir sombre. On entendit une porte claquer, et un verrou se refermer. Mark soupira. Roger avait beau être intimidant, ce qu'il avait dans les bras lui manquait dans le cerveau: aussi, lui n'avait pas peur de l'homme assis à ses côtés. Creepy avait habilement joué avec les nerfs de son homme de main, c'était tout. Mais Mark était d'une autre trempe; le bluff du squelette l'atteindrait difficilement, même si il ressentait au fond de lui déjà une petite admiration, pour la tenacité de son otage jusque là à n'avoir craché aucun morceau. L'homme blond retira le tissu noir qui bandait les yeux du prisonnier... Avant de le gifler violemment avec le revers de son arme:

    "Allez, réveille toi!"

    Les orbites de Creepy, grandes cavités noires restées jusqu'à maintenant vides, s'éclairèrent alors progressivement de deux petites lueurs immaculées, comme des iris lunaires. Le jeune homme roux, dont le nez absent laissait couler un filet de sang brun, regardait tout autour de lui, l'esprit encore embrumé:

    "...Où est passé l'homme agréable qui m'a si gentiment accueilli tout à l'heure...?, son regard se figea quand il eut dans son champ de vision Mark, le fixant de haut, bras croisés, ...Attends voir un peu... Tu es... Bart, Clark... Mark! C'est ça, Mark! Comme on se retrouve..."

    Le concerné plissa ses yeux glacés en entendant son prénom, sourire acéré:

    "Ça me fait plaisir que tu te souviennes de mon nom, l'enflure.

    -N'est ce pas?, continua en sussurant Creepy, Mais comment oublier le prénom de ce cher chef des Loups Noirs, nos si précieux alliés? Et comment oublier..."

    L'homme roux ne put pas finir sa phrase; Mark lui donna un violent coup de pied à l'estomac. Tombant à la renverse, toujours attaché à la chaise, Creepy toussota son pus noir étrange. Il grimaça également quand le supérieur de la bande ennemie lui appuya son pied sur le ventre, en se penchant vers son crâne:

    "Et tu te souviens de ma gentillesse, quand un imbécile me trahit, aussi?"

    Ses orbites grandes ouvertes et le souffle court, le prisonnier embrassa le regard glacial de Mark:

    "C'est compliqué de tout retenir quand on a plus toute sa... tête, hé, mais je vois que ça a du bon! J'adore les surprises, et j'avais oublié que tu étais quelqu'un de surprenant, mon Mark..."

    Il fut néanmoins coupé par un haut-le-coeur. Mark recula, dégoûté de voir qu'il manquait de lui régurgiter ses fluides sombres et infects dessus, et le releva plutôt. L'homme roux se laissa totalement faire, visiblement éreinté par son séjour dans la cave. Mark attendit qu'il se remette un peu de ses émotions, avant de s'adosser contre un mur, et de l'interroger sérieusement:

    "Je suppose que tu te doutes du pourquoi mes hommes t'ont emmené chez nous?

    -Hm, Creepy aquiesça lentement, reprenant ses esprits, Mais ça me ferait plaisir de le réécouter par ta voix. Elle a cette... pointe d'agressivité qui me donne des frissons dans le bas du dos..., il clôt ses orbites, ... J'adore ça."

    Les dents pinçant ses lèvres fines, le sourire de Mark se tendit. Il était à demi amusé, mais commençait surtout à être frustré par l'homme qui se moquait allègrement de lui, alors qu'il l'avait sous son emprise totale (même si son contrôle de soi lui valait une once de respect aux yeux du Loup Noir). En se craquant les phalanges, l'homme blond se mit à tourner autour du prisonnier, comme un prédateur attendant le bon moment pour saisir la gorge de sa proie:

    "... Essaie de te rafraichir la mémoire, à une semaine environ, mon pépère... Ça y est, les souvenirs remontent, dans ta cervelle putréfiée? Le braquage, le Boss qui accepte que je vous aide, mes gars et moi? Tout se passe bien, donc, mais zut! Petit problème à la dernière minute: que faites-vous, toi et tes bêtes de cirque?

    -Dis le moi, je vois que tu en meurs d'envie..."

    Creepy sursauta. Mark venait sans prévenir de frapper violemment le dossier de la chaise où il était assis. Son visage anguleux s'était froncé tout entier d'un coup, des mauvaises rides de colère lui barrant le front et le nez. Son sourire en devenait effrayant:

    "VOUS VOUS ÊTES AVEC LE FRIC, MAIS EN NOUS LAISSANT LES FORCES DE L'ORDRE SUR LE DOS! ET J'Y AI PERDU DEUX DE MES GARS!, il empoigna Creepy par l'épaule brusquement, Mais ce n'est pas le pire! On avait un deal, 50-50, il me semble? Sauf que, manque de bol, j'ai bien l'impression que notre part se soit... envolée, non?"

    Pour une fois, Creepy sembla vasciller dans la conversation. Ses iris fixèrent longtemps Mark, puis oscillèrent dans le vague, son sourire devenant grimaçant:

    "... Mauvaise nouvelle, ce n'était pas qu'une impression?"

    Grand silence s'ensuivit. Mark se glissa derrière la chaise de Creepy, faisant balader ses mains sur le dossier et puis sa nuque, de manière joueuse.

    "5 secondes."

    L'homme blond rapprocha son visage du sien. Le prisonnier pouvait sentir son souffle tiède contre son cou.

    "T'as 5 secondes avant que je te pète un doigt."

    Creepy se mit à rire jaune, sa voix s'étranglant soudain légèrement dans sa gorge:

    "Hou, mais c'est que j'ai réussi à l'énerver!... Néanmoins, je doutes que ce ne soit rien d'autre que du bluff, mon Markou.

    -Un.

    -Ou peut-être que non, finalement!... Hem...

    -Deux.

    -Doucement! Comment suis-je censé donné quelconques informations si je n'ai le droit qu'à un mot à la milliseconde près?

    -Trois.

    -N'aurais-je pas le droit à une seconde de répit?! La méditation est la mère de ma concentration, après tout!

    -Quatre."

    Le crâne de l'homme roux se crispa.

    Mais il ne se passa rien. Mark avait certes saisi une de ses mains squelettiques, mais jouait juste avec ses doigts, les dépliant, puis les caressant... Avant d'en forcer un à se briser. La douleur terrassa Creepy comme si la foudre venait de la traverser tout entier, et il se replia sur lui-même, en hurlant. Hurlement qui se transforma bientôt en un rire fou, et spasmodique. Il en hoquetait même, entre deux respirations. Toujours derrière lui, Mark le fixait, ses prunelles bleus glacés cruellement amusées:

    "Tiens tiens! Mais il semblerait que le petit squelette puisse souffrir, finalement... Et si je recommençais?"

    Creepy tourna lentement son crâne vers l'homme blond; des larmes s'étaient formées au coin de ses orbites, mais il avait retrouvé son sourire narquois:

    "J...e suis... tout à toi..."

    Mark eut une fausse moue de réflexion, en se tenant le menton, puis revint en face du prisonnier, très froid:

    "... J'ai assez perdu de temps comme ça, et je ne veux pas que mes petites attentions te fasses défaillir une nouvelle fois comme une jeune fille, ses dents grincèrent, Mais crois moi, si je le pouvais, je te ferais m'implorer toute la nuit."

    L'homme roux plissa ses orbites, léchant le sang brun qui lui perlait au coin de la bouche:

    "Ce serait... Avec... Plaisir."

    Mark plissa lui aussi les yeux.

    "... Je crois que mon corps semble aussi adorer que tu y ailles de la manière forte."

    Un coup de poing dans le crâne lui répondit; il en cracha le sang qu'il avait dans la bouche. Mark, fulminant, se rapprocha de lui. Il l'attrapa par la gorge, forçant Creepy à le regarder dans les yeux:

    "TU ME DÉGOUTES... Et tu mens pitoyablement, il lui saisit le menton, Je te trouvais amusant, mais là je n'ai plus envie que d'une seule chose: te déboiter la mâchoire. Tu le sais, ça? Je ne sais pas pourquoi le Boss te veut en vie, mais il n'a jamais dit que je ne pouvais pas te maroufler jusqu'à ce que tu te roules au sol, en pleurant le nom de ta mère!"

    Autant les iris lumineux de Creepy étaient apparus délicatement, autant disparaissèrent-ils subitement. Orbites vides, dans un rire rauque semblant sortir de ses entrailles, ce fut au tour du jeune homme d'approcher sa tête de celle de Mark. L'atmosphère se refroidit subitement, et l'attitude nouvelle de Creepy y contribuait grandement:

    "Hé bien, vas y! Fais-moi souffrir jusqu'à ce que j'en crève, j'attend... Je ne dirais rien de ce que tu veux savoir, de toutes façons, sa voix devint sussurante, Ça doit être frustrant après tout, de devoir te retenir juste car un individu placé plus haut que toi te l'a ordonné, hein? Allez! Pas de témoins, fais ce que tu veux... Tu n'auras qu'à dire que c'était un accident... Ou que les coups sont partis tous seul..."

    Mark relâcha la gorge du prisonnier, yeux soudain écarquillés. Il le dévisagea, silencieux, avant de lui demander froidement:

    "Je peux savoir à quoi tu joues?"

    Creepy abaissa son crâne dans sa direction, indiquant qu'il le voyait, malgré ses iris absents:

    "Mark, Mark... Ne fais pas l'innocent. On a tous des pulsions qu'on retient par savoir-vivre, mais qu'on aimerait assouvir de temps à autre... Ça doit rageant, mais aussi terriblement excitant d'avoir face à soi un homme à moitié nu, vulnérable et ligoté, prêt à tous les sévices possibles, et de ne pouvoir rien faire... Non?"

    L'homme blond devint livide. Il n'avait pas tort. Non! Il ne voulait pas tomber dans la provocation du prisonnier, qui n'attendait justement que ça de lui... Mais c'était exactement ce dont il souhaitait. Mark lutta en vain contre ses envies. Il regardait maintenant Creepy d'un oeil nouveau. Pétrifié, mais éveillé d'un nouvel intérêt, très agréable dans son esprit, comme un jeu dangereux avec un couteau dont la lame pouvait trancher à n'importe quel moment les doigts de celui qui le maniait. Entre la pulsion et la raison... Mark saisit à grandes poignées la chevelure rousse de l'homme, qui lui souriait placidement, et le força à dévoiler sa gorge. Sa voix était devenu tremblotante d'excitation:

    "Est-ce que je peux te poser une dernière question?

    -Mh...

    -Tu n'as aucun honneur? Car tu es vraiment à la limite de me supplier à quatre pattes que je m'occupe personnellement de ton cas..."

    Creepy voulut répondre, mais Mark le fit taire en écrasant de son genou son entrejambe. Le jeune homme roux eut un soubresaut, mais se mordit cette fois la langue pour ne laisser passer aucun cri; des gouttes de sang perlèrent sur sa langue violacée. Il sentit soudain quelque chose de froid contre le bas de sa mâchoire: Mark venait de dégainer son arme, et de l'y positionner avec empressement. Les deux s'embrassèrent du regard intensément, ne cillant pas des yeux un seul instant. Chacun se testait, pour savoir qui tiendrait jusqu'au dernier instant. Creepy sentit la terreur lui nouer l'estomac, en même temps qu'une grande satisfaction lui rougissait les pommettes. Son oeuvre allait faire succomber l'homme blond à l'interdit...

    "Les mains en l'air."

    Le miroir qui avait voilé un instant la réalité de Mark vola en éclats. Il leva son pistolet de la gorge du prisonnier, et se retourna, surpris. Une jeune femme à la peau brune s'était approchée derrière lui, sans qu'il s'en rende compte; il ne la reconnut pas, ses longs cheveux noirs et bouclés lui cachant à moitié le visage. Elle n'était pas armée, mais se tenait dans une posture agressive et menaçante. Mark lui fit face, délaissant Creepy, et pointa son arme sur elle, perturbé de s'être laissé distraire:

    "Qu'est ce qu'elle fiche là, la guenon?! En tout cas, elle a intérêt à dégager avant que..."

    Mark la reconnut; malheureusement, trop tard. Signe, une membre du groupe de Creepy. Il eut juste le temps d'entendre un "FUEGA" retentissant, et la seconde d'après,il était projeté violemment contre le mur de la cave, en atterrissant avec fracas sur les cartons entreposés, qui se déversèrent sous lui. Assommé, il tenta de se relever, mais retomba juste péniblement sur le flanc. La jeune femme s'approcha de lui, très digne; des marques rouges feu illuminaient maintenant sa peau sombre.

    "La guenon vient reprendre son chef, siffla-t-elle, Et accessoirement, te faire la peau."

    La rage la rendait encore plus terrible qu'elle était majestueuse dans sa colère. Ses iris avaient aussi tourné à un ambré très vif, comme des flammes dévastatrices. Mark, à son grand désarroi, ne pouvait plus rien faire contre elle: son arme de poing avait glissé de ses main hors de sa portée, et son dos ne répondait plus. Signe tendit sa paume brillante vers lui; elle allait le tuer!

    "Signe, ma jolie... Laisse le. Viens plutôt me détacher..."

    La jeune femme leva son regard de Mark, en entendant soudain la voix épuisée de son chef. Quand elle remarqua Creepy, ligoté à la chaise, couvert de coups et saignant à maints endroits, elle se précipita vers lui:

    "CHEF! On a tous eu si peur! Vous ne répondiez plus à D.J!... Et puis, je me suis rappelé de l'affaire avec les Loups Noirs, et on est venu à votre secours! Je suis désolée, pardonnez nous, j'aurais du vous empêchez de sortir tout seul, ce matin! J'en prend l'entière responsabilité!"

    L'homme roux aquiesça lentement, en lui souriant -mais cette fois-ci- d'une manière chaleureuse. Ses orbites avaient même retrouvé ses petites lueurs blanches:

    "Allons Signe... David m'avait averti, c'est moi qui aurait dû... Plus me méfier...

    -Vous allez bien?, demanda Signe, soudain inquiète de ses blessures

    -Détache moi. Nous verrons cela plus tard. Il faut que je retrouve mes affaires... Ils me l'ont volé, à mon arrivée..."

    Signe attrapa aussitôt les liens qui retenaient Creepy prisonnier, et les serra en marmonnant des paroles inconnues. Bientôt, ceux-ci fondirent comme du beurre dans ses paumes rougies, et l'homme roux fut libéré. Néanmoins, il était trop épuisé pour se relever seul, et sa camarade l'aida en le soutenant par l'épaule:

    "Allons nous en, chef, le pressa-t-elle, Sound a trouvé vos affaires, en fouinant de partout. Et elle et moi ont pu assommer les hommes de main de cette raclure... Mais ça ne durera pas!"

    Ils s'avancèrent vers la sortie de la cave humide et sombre, mais l'homme roux ne put s'empêcher de regarder derrière lui, une dernière fois. Mark, beaucoup moins fier, était tordu au sol par la peur et la douleur; mais ses yeux bleus fixaient haineusement l'homme qui lui échappait:

    "Vous ne vous en tirerez pas comme ça..., il désigna Creepy du doigt, Toi... Je te jure que je retrouverais..."

    Creepy plissa ses orbites, ses iris brillant plus intensément.

    "...J'y compte bien, mon Mark... On a eu à peine le temps de se connaitre plus... Personnellement. Mais je te laisses ça. Garde la, et je saurais où tu es..."

    Sans plus demander leur reste, les deux individus s'éclipsèrent, laissant le Loup Noir dans l'obscurité de la petite salle. Quand l'engourdissement quitta enfin son bassin, Mark se releva, fulminant. Il ne pouvait pas le croire: le gros lot avait joué de lui, alors qu'il l'avait à sa totale merci quelques minutes à peine auparavant! Enragé, il donna un coup de pied à la chaise maintenant vide, qui se renversa... En faisant voleter un petit bout de papier cartonné. Mark le saisit. C'était une carte noire, comme sortant d'un jeu, où était dessiné dessus... Une petite tête de mort rouge.

    "BORDEL!, il l'écrasa dans sa poigne, Je vais le buter, plus rien à foutre de ce que me dira ce foutu Boss!"


  • Commentaires

    1
    Mardi 18 Décembre 2018 à 23:44

    OUI. JE L'ATTENDAIS. jemecalme 

    J'ai juste dé-vo-ré ce texte*o* Il est tellement bien écrit et j'ai adoré l'ambiance et la façon d'être de Creepy, j'ai eu un gros coup de cœur également sur Mark (faudra prendre l'habitude, j'adore les connards généralement même si je tiens pas à le croiser non plus '^')!  Je te soutiens à fond pour les autres textes que tu écriras en tout cas, je suis juste tombée amoureuse de ta façon d'écrire (et de ton univers tout court mais tu le savais ça uhuh) et j'arrivais tellement bien à imaginer la scène dans ma tête à tel point c'était bien décrit, donc encore bravo! :D 

    Que Creepy se rétablisse vite, je le soutiens! Yay!

      • Mercredi 19 Décembre 2018 à 12:13

        Moi aussi j'avais super hâte de le poster lol

        Super alors! J'ai essayé ici de faire une ambiance moins sympa qu'à l'établissement, pour voir si c'était possible dans cet univers. Contente si Mark est bien apparu! (J'aimerais le réutiliser plus tard, et peut-être lui faire une fiche, je me suis mis à bien l'aimer aussi en l'écrivant, meme si c'était au départ qu'un perso de fond).

        Merci beaucoup pour le compliment sur mes textes! Ça me rend très heureuse, mais faut pas hésiter à me le dire, si des choses clochent ou bloquent (ça m'aide beaucoup je pense, comme les dessins)

        Ça devrait aller, il se remet plus vite qu'un humain lambda, et Signe sait bien guérir les personnes ;)

    2
    Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:08

    Ah xD

    Bah, c'est réussi! :'D Et j'ai beaucoup aimé, ça contraste pas mal avec l'établissement je trouve^^ (Ah bah, j'ai hâte de le revoir alors et je lirais pour sûr sa fiche c:)

    Mais de rien! T'inquiètes,  j'y pense, c'est juste que dans l'immédiat, j'ai rien vu de bien surprenant,  tu te débrouilles très bien :) Je suis plus en mesure de donner des conseils en dessin plutôt que pour des écrits après mais vu que je me rabaisse souvent ça aide pas non plus x)

    Je suis rassurée alors! 

      • Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:18

        Merci! Maintenant je vais pouvoir me concentrer sur Sound Et Winged :')

        Et OK, je comprend! (Tu devrais pas te rabaisser! D:)

        Par contre Mark risque d'avoir de gros bleus lol

    3
    Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:20

    Lire ça après les cours, c'est trop cool! Comme le dit βιssιnχ, c'est tellement bien écrit qu'on s'imagine bien la scène! Et Creepy est un tout p'tit peu maso nan?

      • Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:27

        Oui, c'est vrai (pas pour mes fic' mais les fic' des autres :'))

        Merci beaucoup! Il aime surtout bien jouer avec la patience et tester l'esprit des gens

    4
    Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:22

    De rien! J'ai hâte de voir ça également :3

    (c'est une habitude pour moi xD)

    Owh, il me fait de la peine D:

      • Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:28

        OK! ^-^

        il s'en remettra

    5
    Mercredi 19 Décembre 2018 à 13:28

    Bon x) 

    6
    Dimanche 22 Décembre 2019 à 16:17

    Là encore j'avoue n'avoir lu que le début, (je regarde principalement un peu tout ce que tu fais et ma concentration semble limité aujourd hui) mais ça été suffisant pour me décrocher un sourire. xD On sent toute la haine qu'il éprouve pour celui qu'il a interrogé, c'est bien marrant! Tu as plutôt bien mis en scène, c'est géré, mais un peu plus de description aurait surement permis de générer une ambiance plus.. comment dire... bah, on l'aurait mieux senti avec un poil plus de détails je pense!

      • Dimanche 22 Décembre 2019 à 16:57

        D'accord! Encore merci et pas de soucis, je comprends! Plus de détails type sensibles, tu penses?

    7
    Dimanche 22 Décembre 2019 à 17:10

    Nop, plutôt de l'ordre du "je m'attarde un peu sur les détails", juste à quelques endroits. Tient par exemple au début:

    "Un homme d'une trentaine d'années, imposant et couturé de cicatrices, tournait en rond autour de la table dans la salle qui servait de lieu de réunion aux Loups Noirs. Accoudé contre le mur en buvant un verre, un homme blond plus jeune le regardait faire, amusé:"

    (bon déjà la formulation "couturé de cicatrices" c'est stylé, ça donne parfaitement l'idée. j'adore. o/) Si on ôte le reste, et qu'on prend ce morceau hors contexte:

    J'imagine un mec qui fait les cents pas autour d'une table, et est un peu véner. "table de réunion" ça fait officiel, c'est pas mal mais ça fait peut être trop formel (là c'est purement objectif). Vu la situation et les personnages je verrais davantage un genre de caserne avec le stricte nécessaire, et à la limite la bouteille de bière qui trône sur la table presque usée par le temps. Une chaise bancale qui le gêne vaguement a chacun de ses passages parce que la salle serait pas grande. Ca ce n'est que ce que moi j'imaginerai, mais c'est parce que j'en ai la liberté! Ca peut être bien, autant que ça peut être gênant si toi tu as une vision de la scène très différente. Et que tu veux la partager telle que toi tu la vois.

    Tu comprends ce que je veux dire?

      • Dimanche 22 Décembre 2019 à 17:14

        Ho je vois mieux, oui! Des détails qui racontent aussi des choses sur les personnages et le contexte! Pas bête du tout.

    8
    Dimanche 22 Décembre 2019 à 17:38

    En fait par moment ne pas détailler peut être bien. Ca à ses avantages, mais aussi les désavantages. Tout dépend des textes, et de ce que toi tu veux faire!

      • Dimanche 22 Décembre 2019 à 17:42

        D'acc'! Je comprends. Merci encore.

    9
    Dimanche 22 Décembre 2019 à 17:55

    C'est normal! o/ (et désolé si je ne lis pas l'ensemble de tes posts immédiatement, je m'y met vraiment dès que je peux!)

      • Dimanche 22 Décembre 2019 à 18:00

        (Comme tu le sens honnetement mais merci beaucoup!)

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